De l'illustrateur Zanzim, on connaissait déjà l’excellent Peau d’homme, sur un scénario du regretté Hubert : une allégorie médiévale sur l’identité et vibrant hommage à la Femme. Ici, le dessinateur nous livre en solo un conte fantastico-libertin se situant dans le Paris des années 60.
Stanislas Rétif, un vendeur de chaussures timide et gentiment fétichiste, adore mater secrètement les talons de ses clientes. Désavantagé par sa petite taille (1m 57) qui l’oblige à porter des talonnettes, celui-ci va subitement, par un étrange sortilège lié à une bottine magique, rapetisser littéralement. Du coup, notre minuscule héros va devoir affronter mille dangers (à l'instar du héros du film célèbre "L'Homme qui rétrécit", de Jack Arnold), mais il va pouvoir également satisfaire ses fantasmes... et s’introduire enfin dans l’intimité des femmes incognito ! Jusqu'à ce qu'il rencontre une jolie fleuriste dont il va tomber amoureux. Malgré un départ licencieux, rien de scabreux dans ce récit qui privilégie surtout les sentiments et la sensualité, grâce à un graphisme minimaliste et tout en douceur. L’œuvre de Zanzim prend en effet tout son sens lorsque sa belle amoureuse se voit affligée d’une terrible maladie. Si l’on précise que cette maladie s’attaque à cette partie du corps de la femme qui en fait toute la beauté et qui, pour les hommes, symbolise le mieux la féminité, on devinera évidemment de quoi il s’agit. Sans trahir ni spoiler la suite de l’histoire, qu’il suffise de dire que le récit dérive vers une espèce de conte apaisant et résilient, d’une beauté et d’une poésie à pleurer, en même temps qu’il redonne espoir dans les relations homme / femme, lorsque celles-ci sont placées sous le signe de l’abandon et de la tendresse. Un petit bijou de lecture.
Jean-Luc