La double vie de Vermeer de Luigi Guarnieri

« En fait il ne s’agit pas de la vie de Vermeer, mais de celle de son œuvre.
C’est le parcours très chaotique d’un certain Han Van Meegeren, nommé VM dans le livre.
Ce VM était un peintre poussif, qui n’est jamais parvenu au succès avec ses propres tableaux. Son père était opposé à une carrière artistique. Il a suivi des cours d’un peintre obscur mais maitre dans l’art de la peinture flamande. Il connait toutes les techniques de réalisation de Vermeer et de ses contemporains.
Ce VM va bénéficier d’une double chance : l’ignorance dans laquelle est tombée l’œuvre de Vermeer et sa rencontre avec un maitre de l’art flamand.
Vermeer a laissé peu de traces de sa vie privée, et sa peinture, qui n’a pas eu beaucoup de succès de son vivant, est restée dans l’oubli jusqu’à la fin du 19° siècle. VM est né en 1889, il meurt en 1947.
Ne parvenant pas à faire carrière avec ses œuvres, il va devenir faussaire de Vermeer avec un tel talent que ses tableaux passeront pour des authentiques Vermeer.
Nous sommes conviés à comprendre tout ce qu’il faut mettre en œuvre pour qu’une peinture du 20ème siècle puisse tromper les éminents experts de l’art flamand. VM réussira à créer de toute pièce plusieurs Vermeer.
La prouesse de l’auteur ne s’arrête pas là, il nous fait rencontrer des personnages qui se sont intéressés à Vermeer au moment où sa supercherie fut découverte.
On côtoie ainsi Proust, qui est fasciné par des détails presque invisibles, mais qui donnent toute la force à la peinture. Göring qui avait plusieurs tableaux de Vermeer dans sa collection. Et lorsque la supercherie est découverte, on croise de nombreux experts qui nous permettent de vérifier combien la qualification d’une œuvre est fragile. Elle tient à peu de chose.
Ce roman est une véritable fiche technique sur la construction d’un tableau, la préparation des couleurs. On en arrive à sentir la peinture. Même pour un faussaire, il faut un immense talent. J’aime la peinture, je me suis régalée à regarder naître une œuvre. »


Jacqueline, lectrice du Comité de lecture